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cet ouvrage cinq cents écus de Messer Niccolò de Cortona, agent du cardinal de Mantoue. Sebastiano trouva le secret si vainement cherché par son compatriote Domenico, par Andrea dal Castagno, et par Antonio et Piero del Pollaiuolo, d’empêcher les peintures à l’huile sur muraille de pousser au noir. Sa Flagellation du Christ, à San-Pietro-in-Montorzo, a conservé la vigueur et la fraîcheur qu’elle avait le premier jour. Pour repousser l’humidité, il employait un enduit composé de mastic de poix et de chaux vive qu’il unissait ensuite avec une truelle rougie au feu ; il se servait également de cette préparation pour travailler sur le peperino, le marbre, le porphyre et d’autres pierres. On lui doit encore l’art de peindre sur les métaux, tels que l’argent, le cuivre et l’étain.

Mais Sebastiano s’abandonnait de plus en plus à l’oisiveté, il passait presque toutes ses journées à rêver et à causer ; croyant que, quelque prix qu’on lui donnât de ses ouvrages, on ne les payait jamais assez. Il se décida avec peine à entreprendre pour le cardinal d’Aragon un tableau représentant le Martyre de sainte Agathe ; ce morceau précieux, qui ne cède en lien aux plus belles pages de Raphaël et du Titien, appartient maintenant à Guidobaldo, duc d’Urbin.

À cette époque, Sebastiano envoya le portrait du pape Clément à Michel-Ange qui le lui avait demandé pour Giuliano Bugiardini, que Baccio Valori et Octavien de Médicis avaient chargé de reproduire les traits de Sa Sainteté dans différents tableaux. De tous les portraits que fit Sebastiano, celui de Clé-