Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fond de la Pouille et des Abbruzzes, jusque dans le Milanais, depuis Naples jusqu’à Ferrare. Églises, palais, citadelles, châteaux, maisons, villas, tombeaux, portes de villes, et murailles de forteresses, l’architecte universel, comme l’appelle Lomazzo, n’a rien refusé de ce qui s’offrait à lui. Les réparations, les raccords, les restaurations, les constructions postiches et transitoires, toute cette monnaie que le génie impatient méprise, son génie résigné l’acceptait, et, toujours autant que la chose pouvait humainement le permettre, Baldassare lui imprimait un caractère inespéré d’ordre, de convenance et de beauté, par lequel elle acquérait désormais une importance qui désespérait et instruisait à la fois les plus orgueilleuses rivalités.

Nous n’avons pas besoin d’en donner d’autres exemples que la cour du palais Altemps à Rome, avec son portique, sa loge, et le grand attique qui la termine, que le maître-autel de l’église métropolitaine de Sienne, et que la porte de la maison Sacrati, à Ferrare.

Le Peruzzi est surtout heureux dans les écueils, et l’on doit lui compter comme des victoires toutes les défaites qu’il a su éviter.

Mais si le timide Peruzzi aimait, comme on peut aussi le croire, à s’écarter des lourdes responsabilités, si la hardiesse et la résolution lui manquaient dans les grands chantiers, les inspirations les plus fortes, les vues les plus nettes, les projets les plus vastes, ne lui faisaient pas faute dans la solitude de l’atelier. Serlio nous a conservé son projet inexécuté