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qui révèlent cependant la hauteur de leur génie en dépit de tout ce qui leur manque ? Baldassare Peruzzi en a laissé de nombreux exemples. Son petit palais de la Farnesina est encore aujourd’hui une des merveilles de Rome, malgré toutes les dégradations qu’il a subies, malgré la destruction de tous les reliefs et de toutes les peintures dont sa main l’avait orné au dehors. Quand on pense au double talent de Baldassare, en présence de ce qui reste de ce chef-d’œuvre de grâce, d’harmonie et d’élégance, on se rend un compte facile du succès qu’il obtint, lorsqu’il apparut dans tout son éclat et toute son intégrité ; et l’éloge pompeux qu’en fait le Vasari, sur la foi des rivaux mêmes de Baldassare, n’a rien qui semble exagéré. Cependant la Farnesina n’est pas la plus belle œuvre du Peruzzi. Le palais Massimi, que la mort l’empêcha de terminer, a toujours semblé aux artistes devoir assurer à son architecte une plus grande gloire encore. C’est dans cet édifice qu’on s’est toujours accordé à reconnaître toute l’originalité et toute la puissance de ce beau génie.

Maintenant ne faut-il pas rappeler que si le caractère de Baldassare l’éloigna des entreprises importantes, il le força de s’appliquer avec un soin sans exemple aux moindres choses ; compensant ainsi, pour la satisfaction intime et le juste orgueil de l’artiste qui sent son prix, le défaut de l’étoffe par la perfection du travail, et la stérilité du champ par la fécondité de la culture ? L’Italie s’est donc remplie des œuvres de cet homme qu’elle admirait tout en le gâchant ; elle s’en est remplie depuis le