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d’une telle défiance et d’une telle ruse, car il était prêt à lui prouver sa bonne volonté, s’il l’en eût prié. Pour le punir, au lieu d’établir ses tons sur sa palette, comme à l’ordinaire, il attaqua ses couleurs avec tant de hardiesse et de promptitude, que Baccio, forcé d’ailleurs de rester tranquille et assis, fut complètement désappointé. Il eut alors recours au Rosso, auquel il demanda avec plus de franchise ce qu’il désirait. Bientôt après il entreprit deux tableaux à l’huile : les Saints-Pères retirés des limbes par le Sauveur, et Noé ivre devant ses enfants. Il essaya ensuite de peindre, sur la façade de sa maison, des têtes, des bras, des jambes, des torses coloriés de diverses manières ; mais, tous ces essais n’ayant point répondu à ses espérances, il revint à la sculpture, et exécuta un jeune Mercure en marbre, haut de trois brasses, tenant une flûte en main. Cette figure, fort estimée, fut achetée, l’an 1530, par Gio. Battista della Palla, et envoyée au roi de France, François Ier. Pendant plusieurs années, Baccio s’appliqua avec ardeur à l’étude de l’anatomie ; il n’épargnait aucune peine, travaillait sans relâche et ne songeait qu’à surpasser les artistes qui l’avaient précédé : noble ambition, que l’on ne peut assurément trop louer. Il produisit une foule de dessins, et pria Agostino de Venise de graver une Cléopâtre nue et des études anatomiques, qui lui firent beaucoup d’honneur. Puis il modela en cire un saint Jérôme, d’une brasse et demie de hauteur, dont la dure pénitence était attestée par sa maigreur, ses muscles affaissés, sa peau ridée et desséchée. Léo-