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Lippi. Il maniait très adroitement la pointe, la plume, le crayon noir et la sanguine, pierre tendre qui vient des montagnes de France et avec laquelle on peut dessiner avec beaucoup de finesse. Michelagnolo ne voulut pas s’opposer au goût de son fils, et, sur le conseil de ses amis, le confia aux soins de Gio. Francesco Rustici, un des meilleurs sculpteurs de Florence, intimement lié avec Léonard de Vinci. Baccio montra ses dessins à Léonard, qui l’engagea à continuer et à faire en marbre une tête ou un bas-relief. Baccio se mit alors à copier une tête antique de femme, qui était dans le palais Médicis. Ce premier essai lui réussit, et obtint les éloges d’Andrea Carnesecchi, qui plaça cette copie sur la porte du jardin de sa maison de la Via Larga. Baccio modela ensuite d’autres figures en terre, et son père, pour l’encourager, acheta quelques blocs de marbre de Carrare, et lui fit bâtir, à l’extrémité de sa maison, un atelier commode et bien éclairé, qui donnait sur la Via Fiesolana. Baccio ébaucha diverses figures, et d’un bloc haut de deux brasses et demie, tira un Hercule foulant Cacus à ses pieds.

À cette époque, fut exposé le fameux carton de Michel-Ange, qui servit de modèle à une foule de Florentins et d’étrangers, comme nous l’avons dit ailleurs. Baccio accourut des premiers, et en peu de temps parvint à dessiner le nu de manière à surpasser Jacopo Sansovino, Andrea del Sarto, le Rosso, Alonso Beruguetta et quantité d’autres célèbres artistes.

L’an 1512, pendant la révolution qui chassa le