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L’an 1487, il eut un fils, qu’il appela Bartolommeo ; mais ce nom fut depuis changé en celui de Baccio, suivant le diminutif toscan. Michelagnolo, désirant le voir continuer son commerce, le mit à dessiner avec ses apprentis ; car alors un bon orfévre devait être bon dessinateur et bon modeleur. Baccio profita des leçons de son père, et travailla avec ardeur dès ses premières années. Il allait souvent dans les églises étudier les chefs-d’œuvre des maîtres, avec un de ses amis, nommé Piloto, qui plus tard devint un orfévre célèbre. Il modela aussi en terre et en cire quelques ouvrages de Donato et de Verrocchio. Se trouvant un jour dans l’atelier de Girolamo del Buda, qui demeurait sur la place de San-Pulinari, ce peintre lui dit, en lui montrant un énorme monceau de neige qu’avait élevé la populace : « Baccio, si cette neige était du marbre, n’en formerait-on pas bien un beau géant comme la figure couchée de Marforio ? » « — Oui certes, répondit Baccio, et c’est facile à faire. » Aussitôt il jette son manteau, appelle quelques camarades à son aide, et exécute un Marforio couché, long de huit brasses, à la grande surprise de Girolamo, qui ne put s’empêcher d’admirer l’habileté et le courage de ce jeune enfant.

Baccio ne tarda pas à montrer qu’il préférait la sculpture à l’orfévrerie. À Pinzirimonte, campagne qui appartenait à son père, il dessinait les laboureurs et les bestiaux de la ferme. En même temps, il se rendait tous les matins à Prato, pour copier, dans l’église paroissiale, les ouvrages de Fra Filippo