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Peruzzi dans les compositions compliquées qu’il conduisait seul, autour de celles de Raphaël. Mais s’il cède à son ami quand il le touche, au fur et à mesure qu’il s’en éloigne, son originalité et sa richesse individuelle réapparaissent. Ainsi dans la loge de la Farnesina, où Raphaël peignit son Triomphe de Galathée, Baldassare, qui s’était chargé de la voûte et des consoles, y représente les fables de Persée, de Méduse et de quelques autres, avec assez de souplesse et d’harmonie pour qu’on puisse croire que Raphaël est venu là se reposer et employer le restant de son inspiration et de sa verve. C’est quelque chose de tranquille, d’effacé, mais qui cependant se tient à côté de la belle chose, qui s’admire avec elle, qui la complète admirablement et l’encadre comme une incertaine auréole. Dans la même salle, mais plus loin, quand le Peruzzi sait qu’on le verra seul, il s’ébat indépendant dans ses ornements, ses groupes contournés, ses grotesques, ses caprices, et il fait saillir du fond, avec sa brosse puissante, des figures que le Titien, avec ses bons yeux, s’obstinait à prendre pour des statues. C’est là ce qui peut s’appeler travailler avec intelligence ; et là où Baldassare a paru le plus être un écolier de Raphaël, plus il a été lui-même un maître inimitable et inimité. Mais pour montrer mieux sa véritable valeur, comme peintre, à une critique moins attentive et moins initiée aux réelles difficultés de l’art, Baldassare Peruzzi, l’homme heureux dans ses œuvres, a laissé quelques autres peintures. Celles-là sont plus frappantes et peuvent s’envisager spontanément,