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élèves de Raphaël. Qu’il l’ait imité quelquefois, lorsqu’il travaillait à côté de lui, comme dans la Farnesina qu’il avait bâtie pour son compatriote et leur commun ami, Augustin Ghigi, cela n’a rien que de très naturel. L’architecte avait tout disposé avec amour, pour que Raphaël y fît briller son talent admiré, et n’avait guère songé, en homme modeste et sage, à s’originaliser et à trancher dans les parties qu’il s’était réservées ; au contraire, plus il s’harmonisait avec le peintre principal, plus il montrait sa force et son talent. Mais, voilà comme les choses tournent quelquefois : plus on doit tenir compte à un homme, plus on le déprécie, parce qu’on le juge à un mauvais point de vue, et qu’on ne remarque qu’une convenance à la fois pour des œuvres où l’effort était de satisfaire à plusieurs. Partout où Baldassare a travaillé en concurrence avec Raphaël, il lui ressemble, il se modèle sur lui, il lui cède, satisfait de se tenir convenablement à la hauteur de son style. Ses épisodes, ses figures, n’ont jamais assez d’importance, et son exécution n’a jamais assez de personnalité pour distraire l’œil, et entreprendre sur l’effet du sujet, réservé pour le centre de l’attention. Qu’on ne croie pas que ce soit là de l’impuissance, c’est au contraire un talent énorme dont on ne saurait trouver l’analogue dans notre temps, à en juger au moins par les travaux incohérents qu’on nous fait. Jules Romain, qui était un très habile homme, au gré du divin Raphaël, tranche plus et se met plus à part, dans les morceaux que son maître lui abandonnait à peindre dans ses propres ouvrages, que