Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ou peintre, et demain architecte. Il savait, au contraire, tenir toutes ses aptitudes et toutes ses notions éveillées à la fois pour chacune des choses qu’il faisait ; de façon qu’aujourd’hui l’homme spécial dans une des branches de l’art lui trouve dans ses œuvres un cachet étrange de perfection, qu’on ne peut ni méconnaître ni expliquer. Sans parler ici des analogies que nous sommes tout-à-fait incapables de sentir, parce que Baldassare les puisait dans des connaissances bien loin de notre domaine, il est certain pour nous que chacune de ses œuvres reçoit, du concours de toutes les données de l’art, quelque chose, qui la signale, l’augmente et l’embellit. Il n’est pas si petite maison bâtie sur son dessin, qui ne prenne, par l’entente de l’effet pittoresque, on dirait presque par l’entente de la couleur, un air de grandeur dont nul architecte ne se rendra compte, s’il n’est peintre en même temps. Les peintures de Baldassare ont aussi un caractère de gravité et de convenance, qui leur donne, dans le plus petit espace, une allure monumentale dont aucun peintre ne saurait trouver le motif, s’il ignore tout ce que l’architecture peut donner de ressources pour la disposition des plans et des ombres, pour l’ordre et l’assiette des lignes et des masses. Nous pourrions davantage insister sur cet aperçu qui, suivant nous, exprime avec justesse l’aspect particulier des œuvres de Baldassare ; mais il ressortira de reste de l’examen auquel nous allons nous livrer, en scindant l’ensemble de toute la production de ce maître.

C’est d’abord comme peintre que Baldassare