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avait dû l’être, à moins que l’art, la science et la vertu ne soient que de vains mots.

Les artistes qui se trouvaient à Rome comprirent la véritable valeur de cet homme aussitôt qu’il fut mort. Après s’être réunis pour lui préparer de convenables funérailles, ils demandèrent à placer son tombeau dans le Panthéon, à côté de celui de Raphaël ; ce qui leur fut accordé. Ils écrivirent simplement sur sa tombe une épitaphe exprimant le regret que Baldassarre Peruzzi n’eût pas vécu au temps des fameux artistes de l’antiquité. Un pareil regret, dans cette époque où les souvenirs de l’antiquité étaient devenus un véritable culte, était le plus bel éloge qu’on pût faire. Baldassare avait montré par ses œuvres, par sa moralité, par sa lutte impassible contre le sort, une physionomie si imposante, que ses contemporains avouaient que le type devait s’en chercher en dehors de leur temps.

Après avoir résumé la vie de Peruzzi, il nous reste encore à reprendre le texte de notre auteur, à classer, autrement qu’il l’a fait, les travaux de ce grand artiste, pour essayer d’en faire mieux comprendre le mérite, la liaison et l’importance. Baldassare fut un homme essentiellement universel. Il a cela de commun avec la plupart des génies les plus frappants de son siècle. Mais, ce qui le distingue, c’est l’adroit parti qu’il tira de cette universalité. Il sut toujours s’ingénier pour faire entrer autant qu’il était possible la masse de ses connaissances, dans chacune des nombreuses applications auxquelles il se livra. Il n’était pas, suivant l’occasion, aujourd’hui sculpteur