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lui en faisaient surveiller les travaux, et peindre de ses mains les décorations intérieures, ne le payaient jamais, parce qu’il ne savait pas être importun, comme dit le Vasari. Après la mort de Léon X, Adrien VI, ce rigide précepteur de Charles-Quint, ce prêtre flamand qui détestait les arts, ôta à Baldassare la modique pension qu’il touchait pour suivre l’achèvement de Saint-Pierre. Cette pension était la seule fortune de l’architecte, qui manqua positivement mourir de faim. Heureusement pour les artistes, un nouveau Médicis ne tarda pas à s’asseoir sur le trône pontifical ; Clément VII voulut continuer le règne de Léon X, et pensa à Peruzzi, qui était alors un des maîtres le plus en réputation ; il le remit à la tête des travaux de Saint-Pierre, et lui fit faire plusieurs peintures dans l’intérieur. Puis vinrent le siége de Rome et les horribles violences des bandes du connétable de Bourbon. On sait dans quel état Peruzzi gagna Sienne, après avoir été dépouillé deux fois par les Espagnols. À Sienne il retrouva d’aussi dures conditions qu’à Rome : on lui donna, pour conduire les travaux de la cathédrale, trente écus par an. Quand il put retourner près de Clément VII, sa mauvaise étoile voulut encore que ce pontife le chargeât d’aller, en qualité d’ingénieur, pousser le siége de Florence, ce qu’il refusa, aimant mieux sacrifier la faveur du pape, qui était cependant son unique refuge, à l’amour de sa ville chérie. Sous Paul III il mourut de langueur, empoisonné par un intrigant obscur, qui lui enviait sa petite rente de deux cent cinquante