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çois de Médicis, prince de Florence. On sait que se trouvant à Rome, trois ans avant la mort de Buonarroti, don François, en l’apercevant, se leva, courut au-devant de lui, lui donna son propre siège, puis l’écouta, debout et découvert, avec l’attention et le respect qu’un fils aurait eus pour son père. On voyait aux pieds du prince un enfant tenant le bonnet ducal ; à côté étaient rangés des soldats. Le duc et Michel-Ange paraissaient vivants.

Dans le tableau suivant, haut de neuf brasses et large de douze, Bernardo Timante Buontalenti, peintre très aimé du duc Cosme (184), avait ingénieusement figuré les fleuves des trois principales parties du monde, venant joindre leur douleur à celle de l’Arno, et le consoler de la perte commune. Ces fleuves étaient le Nil, le Gange et le Pô. Le Nil avait pour attributs un crocodile et une couronne d’épis, symbole de la fécondité du pays qu’il parcourt. Le Gange était accompagné du griffon, et orné d’une guirlande de pierreries. Le Pô se distinguait par un cygne et une couronne d’ambre noir. Ces trois fleuves, amenés en Toscane par la Renommée qu’on voyait planer en l’air, entouraient l’Arno couronné de cyprès, qui tenait d’une main son urne renversée, et de l’autre un rameau de cyprès ; un lion était étendu à ses pieds. Pour faire entendre que le génie de Michel-Ange s’était envolé au séjour des immortels, le peintre avait mis dans le haut du tableau une grande lumière, vers laquelle se dirigeait l’âme de Buonarroti, sous