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temporains. Et ce n’est pas une appréciation sans portée, chez notre auteur, que cette remarque qu’il fait du calme souverain dont jouissait Peruzzi. Il fallait que cet homme fût bien éminent pour rencontrer la paix de l’esprit dans une vie si agitée, tandis que d’autres ne savaient pas y atteindre dans les circonstances les plus favorables. Par le peu qu’on sait de sa légende, il est bien regrettable que ce digne artiste ne nous ait pas laissé lui-même les mémoires de sa noble vie, comme l’a fait l’extravagant Benvenuto Cellini. On aurait appris par lui de bien utiles secrets ; on aurait su comment il est humainement possible d’allier tant d’activité à tant d’études, tant de sérénité à tant de chagrins, tant de travail à tant de dérangements ; car il ne faut pas croire que l’histoire de l’art italien, ni que le livre du Vasari, qui nous font passer sous les yeux un si grand nombre d’hommes intéressants, puissent pourtant nous en offrir souvent de cette taille et de cette trempe. Le Peruzzi est un homme tout-à-fait à part. S’il avait pu entrer dans le plan du Vasari, qui a écrit toutefois cette notice avec beaucoup de soin, de l’envisager en dehors de ses œuvres, plutôt comme homme que comme artiste, l’attention qu’on apporte sur lui serait plus grande encore. S’il pouvait aussi nous convenir de suppléer le Vasari dans ce sens, et de rassembler ici des indications et des anecdotes peu connues sur cet homme si patient et si éprouvé, on sympathiserait encore davantage avec lui. On verrait que ses productions n’ont pas été fournies dans les conditions