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rendu en vertu de sa charge, ouvrit le cercueil, croyant faire une chose agréable à tous les assistants, et désirant lui-même, comme il l’avoua depuis, contempler les traits de ce grand homme, qu’il avait vu à un âge qui ne lui en laissait presque aucun souvenir.

Nous croyions trouver le corps putréfié et corrompu, car depuis vingt-deux jours il était renfermé dans le cercueil ; mais loin de là, il n’exhalait aucune mauvaise odeur ; il semblait jouir d’un sommeil doux et tranquille, le visage était légèrement pâle et nullement altéré ; en touchant la tête et les joues, on était tenté de croire que peu d’heures avant il existait encore (162).

Lorsque l’enthousiasme du peuple fut un peu calmé, on déposa le cercueil à côté de l’autel de la chapelle de’ Cavalcanti, près de la porte qui conduit au cloître du chapitre. On aurait été forcé de le laisser ouvert pendant plusieurs heures, pour satisfaire tout le monde, si cela se fût passé de jour, tant la foule était grande. Le lendemain et les jours suivants, tandis que les peintres et les sculpteurs s’occupaient des préparatifs des funérailles, les beaux esprits, qui abondent toujours à Florence, composèrent des vers latins et italiens, dont ils couvrirent le cercueil, et dont une partie fut imprimée.

Les obsèques n’eurent pas lieu le lendemain de la Saint-Jean, comme on l’espérait ; elles furent différées jusqu’au 14 juillet (163). L’un des députés, Benvenuto Cellini, s’étant trouvé malade dès le com-