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duc, n’aurait pas voulu se charger de cet emploi sans son agrément, quoique d’ailleurs il fût plein d’amour et de vénération pour notre grand artiste. Le lieutenant de l’Académie écrivit donc au duc la lettre suivante :

« L’Académie des peintres et des sculpteurs a résolu, sous le bon plaisir toutefois de Votre Excellence illustrissime, d’honorer la mémoire de Michel-Ange Buonarroti, soit pour acquitter envers le plus grand artiste qui ait peut-être jamais existé une dette générale, ou ce que chacun des académiciens lui doit en particulier pour l’intérêt de la commune patrie ; soit pour donner un gage de la reconnaissance qu’exigent les grands services qu’il a rendus à la peinture, à la sculpture et à l’architecture, par la sublimité et la perfection de ses ouvrages. Pour célébrer dignement son mérite, l’Académie se croit donc obligée de faire tous les efforts dont elle est capable, et elle expose ses désirs à Votre Excellence illustrissime, dont elle réclame l’assistance et les secours. Invité par les académiciens, et obligé, comme je le crois, par les fonctions de lieutenant de leur compagnie, que Votre Excellence m’a conférées pour cette année, j’ajouterai que ce projet me paraît aussi beau qu’honorable, et conçu par des cœurs nobles et reconnaissants. Je sais, du reste, combien Votre Excellence illustrissime se plaît à protéger les beaux-arts. Elle est pour eux semblable à un port tranquille et sûr, et l’unique protectrice des