Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suite son opération à Michel-Ange, qui fut étonné que la nécessité suggérât à des ignorants de cette espèce des expédients auxquels, certes, n’auraient point pensé les génies les plus habiles.

Tandis qu’il était occupé à finir le mausolée de Jules II, il fit faire un Terme à un tailleur de pierres, en lui disant : « retranche ceci, aplanis cela, polis cette partie ; » de sorte que l’ouvrier produisit une figure sans s’en douter. Lorsqu’elle fut terminée, cet homme la regarda avec étonnement ; Michel-Ange lui dit : « Eh bien ! qu’en penses-tu ? » ― « Je pense qu’elle est très bien, repartit l’autre, et je vous suis fort obligé. — « Pourquoi ? »

— « Parce que vous m’avez fait découvrir en moi un talent que je ne me connaissais pas. »

Michel-Ange était d’une complexion saine et vigoureuse, d’un tempérament sec et nerveux. Il fut souvent malade dans son enfance, et plus tard il eut deux fortes maladies ; cependant il était capable de supporter les plus grandes fatigues. Dans sa vieillesse, il se trouva attaqué de la gravelle ; mais son ami, Maestro Realdo Colombo, le guérit en lui faisant pratiquer des injections pendant plusieurs années. Il était d’une taille moyenne, avait les épaules larges et le corps bien proportionné. Sur la fin de sa vie, il portait, durant des mois entiers, sur ses jambes nues, des bottines de peau de chien. Il avait la tête ronde ; le front carré et spacieux, coupé par sept lignes droites ; les tempes bombées ; les oreilles un peu grandes ; le nez écrasé, comme l’on sait, par un coup de poing du Torrigiano ; les