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tait d’avoir surpassé les anciens, il lui dit : « Celui qui suit les autres n’ira jamais devant, celui qui n’est pas en état de bien faire par lui-même ne saura jamais tirer parti des ouvrages d’autrui (151). »

Je ne sais quel peintre avait peint un bœuf qui se trouvait être la meilleure partie de son tableau. On demanda à Michel-Ange la raison de cette bizarrerie : « C’est que tout peintre se représente bien lui-même, » répondit-il.

Passant un jour devant les portes de San-Giovanni de Florence, il s’écria : « Elles sont si belles, qu’elles sont dignes d’être les portes du paradis. »

Il travaillait pour un prince d’humeur versatile, qui chaque jour changeait d’avis et ne savait se fixer à rien ; il ne put s’empêcher de dire à un de ses amis : « Ce seigneur est semblable aux girouettes qui tournent à tous les vents (152). »

Un sculpteur devait exposer une statue, et se fatiguait à disposer le jour de son atelier : « Ne te donne pas tant de peine, lui dit Michel-Ange, ce que tu as le plus à craindre, c’est le grand jour. »

Un seigneur, qui avait la manie de se croire architecte, avait fait construire plusieurs niches hautes de trois fois leur largeur, surmontées d’un anneau ; diverses statues qu’il voulut y placer produisirent un effet pitoyable ; fatigué de toutes ces tentatives, il consulta Michel-Ange pour savoir ce qu’il devait y mettre : « Je vous conseille, lui répondit notre artiste, de pendre à l’anneau des bottes d’anguilles. » On avait choisi, pour un des chefs de la fabrique