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divines au crayon noir, qui sont venues après sa mort en la possession de l’illustre prince de Florence don François. Pour le marquis del Vasto, il exécuta le carton d’un noli me tangere, d’après lequel le Pontormo fit une peinture admirable. À Bartolommeo Bettini, il donna un carton représentant Vénus qui embrasse Cupidon ; à Ruberto Strozzi, les deux prisonniers du tombeau de Jules II ; et à son serviteur Antonio, son groupe brisé. Comment ose-t-on maintenant le taxer d’avarice ? il aurait pu facilement tirer de ces choses plusieurs milliers d’écus. Maintes fois il surveilla des peintures et des constructions sans jamais vouloir accepter de salaire. Comment ose-t-on appeler avare un homme qui, avec l’argent gagné à la sueur de son front, soulageait les malheureux, fournissait des dots à de pauvres filles, et enrichissait ceux qui l’entouraient ? Un jour il dit à Urbino, son domestique, qui l’avait servi pendant long-temps. — « Si je venais à mourir, que ferais-tu ? » — « Je serais obligé de servir un autre maître, répondit Urbino. » — « Oh ! mon pauvre Urbino, je veux t’empêcher d’être malheureux, reprit Michel-Ange, » et il lui remit à l’instant deux mille écus, présent digne assurément de la générosité d’un pape ou d’un empereur. Joignez à cela les fréquentes largesses qu’il faisait à son neveu : jamais il ne lui donnait moins de trois et même quatre mille écus à la fois. À sa mort, il lui laissa dix mille écus, sans compter tous les biens qu’il possédait à Rome. Michel-Ange avait une mémoire prodigieuse, il lui