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Se dentro del tuo cor morte e pietate
Porti in un tempo, e che’l mio basso ingegno
Non soppia ardendo trarne altro che morte.

Michel-Ange adressa un nombre infini de sonnets à l’illustre marquise de Pescara, qui lui répondit en vers et en prose, et se rendit même souvent de Viterbe à Rome, pour jouir de ses entretiens. Elle reçut de lui plusieurs dessins admirables ; entre autres, une Vierge accompagné de deux petits anges, et soutenant son fils sur ses genoux  (147) ; un Christ en croix (148) ; et la Samaritaine rencontrant Notre Seigneur près de la fontaine (149).

Michel-Ange lisait avec amour l’Écriture sainte, et avait une profonde vénération pour les écrits de Fra Ieronimo Savonarola qu’il avait entendu prêcher un jour.

Il admirait avec enthousiasme toutes les beautés de la nature pour les comparer entre elles, et leur enlever au profit de l’art ce qu’elles ont de plus précieux ; mais il ne tourna jamais ses idées vers les objets lascifs, et il en a donné la preuve par sa grande sobriété. Dans sa jeunesse, tout entier à l’étude, il se contentait d’un peu de pain et de vin ; et dans sa vieillesse il n’avait pas changé de manière de vivre ; lorsqu’il travaillait au Jugement dernier, il faisait un repas frugal à la fin de la journée. Quoique riche, il vivait comme s’il eût été pauvre, admettait rarement un ami à sa table, mais aussi ne voulait jamais accepter de présents, qu’il regarda toujours comme autant de liens incommodes et difficiles à rompre. Sa vie sobre le ren-