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prendre aucune part à la construction de Saint-Pierre. Alors la cabale s’écria qu’il était devenu incapable, qu’il fallait lui donner un substitut, et que lui-même avait déclaré qu’il se retirerait. Lassé de tous ces propos, Michel-Ange envoya Daniello Ricciarelli de Volterre, chez l’un des surintendants, l’évéque Ferratino, qui le premier avait accrédité ces sottises, en assurant au cardinal de Carpi que notre artiste avait résolu de ne plus se mêler de la fabrique. Daniello lui démontra la fausseté de toutes ces choses. L’évêque se plaignit de ce que Michel-Ange ne faisait pas connaître ses intentions, et ajouta qu’il était juste de lui donner un substitut ; et que pour lui, il aurait volontiers accepté Daniello, qui paraissait lui convenir. Ensuite il alla trouver les commissaires, et leur dit, au nom de Buonarroti, qu’ils avaient un substitut ; mais par une insigne fourberie, au lieu de proposer Ricciarelli, il présenta son protégé, Nanni di Baccio Bigio, qui fut aussitôt admis. Nanni ne tarda pas à se mettre à l’œuvre ; déjà il avait commencé d’établir, du côté des écuries papales, un pont de charpente, tout-à-fait inutile au service et au transport des matériaux, lorsque Michel-Ange, irrité, courut se plaindre au pape. Il rencontra Sa Sainteté sur la place du Capitole, et lui dit : « Saint Père, les commissaires m’ont donné je ne sais quel substitut ; si l’on reconnaît que je ne suis plus nécessaire, je retournerai à Florence, où je finirai tranquillement mes jours au milieu de ma famille, sous la protection du grand duc, qui m’a déjà