Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ange, en lui représentant qu’il était honteux pour leur nation d’avoir déjà dépensé tant d’argent sans aucun profit, et que, s’il ne consentait pas à diriger l’entreprise, ils se trouveraient forcés de l’abandonner. Michel-Ange leur promit de s’y consacrer avec toute l’activité possible, car il aimait singulièrement sa patrie, et se plaisait dans sa vieillesse à s’occuper des édifices sacrés et de tout ce qui tenait à la religion. Il avait alors avec lui un sculpteur florentin, Tiberio Calcagni, jeune homme plein d’ardeur, qui s’était appliqué à l’étude de l’architecture. Buonarroti lui avait donné autrefois à terminer son groupe brisé, comme nous l’avons déjà dit, et un buste en marbre, de Brutus, plus grand que nature, qu’il avait commencé à la prière de son intime ami, Messer Donato Giannotti, pour le cardinal Ridolfi, d’après une cornaline antique qui appartenait à Giuliano Cesarino (132). Michel-Ange, dont la main n’était plus assez ferme pour tracer des dessins d’architecture avec la netteté convenable, se servait de Tiberio Calcagni. Il l’envoya lever le plan de l’église de San-Giovanni, et bientôt, avec son aide, il produisit cinq projets de temples, tous différents entre eux, et en proposa le choix aux Florentins, qui, dans leur admiration, voulaient qu’il décidât lui-même de la préférence. Sur son refus, ils choisirent, d’un accord unanime, le modèle le plus riche. Michel-Ange leur dit alors que, s’ils exécutaient ce projet, ils auraient un temple tel que les Grecs et les Romains n’en eurent jamais. Enfin, il fut convenu qu’il ordonne-