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lieu est un vestibule formé de colonnes doriques. La mort surprit Baldassare Peruzzi avant qu’il eût pu terminer cet ouvrage.

Ce noble artiste tira peu de profit de ses nombreux travaux. Des cardinaux et d’autres grands personnages l’occupèrent sans jamais le récompenser dignement. La cause de ceci est facile à concevoir : on doit l’attribuer à la timidité, à la modestie et à l’excessive délicatesse de Baldassare encore plus qu’à l’avarice de ceux qui l’employaient ; quoique, du reste, les seigneurs abusent souvent de la retenue et de la facilité des artistes. Autant en effet on doit être discret avec les princes généreux, autant on doit se montrer importun et difficile avec les avares et les ingrats. L’importunité, qui serait un vice avec les premiers, est assurément une vertu avec les seconds. Baldassare, après une vie riche de vertus, se trouva pauvre et chargé de famille. Il tomba gravement malade, et le pape Paul III connut trop tard la perte qu’il allait faire. Il ordonna à Iacopo Melighi, trésorier de Saint-Pierre, de compter au pauvre artiste cent écus, accompagnés d’offres de service ; mais il ne tarda pas à succomber. Sa mort avait peut-être été hâtée, comme on le soupçonne, par un de ses envieux qui ambitionnait sa place d’architecte de Saint-Pierre, dont il tirait deux cent cinquante écus. Les médecins n’eurent des indices de ces causes que lorsqu’il n’y avait plus de remède. Il mourut en regrettant la vie, non pour lui-même, mais pour sa pauvre famille, qu’il laissait sans ressources. Il fut amèrement pleuré par ses enfants et ses amis. Les