Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ami, par l’entremise de Francesco Bandini, et de Messer Donato Giannotti, lui demanda un jour ce qui l’avait poussé à détruire cet admirable morceau. Buonarroti lui répondit que l’importunité d’Urbino, son serviteur, qui le tourmentait sans cesse pour le lui faire terminer, en était cause, et qu’en se hâtant il avait enlevé un morceau du coude de la Vierge. Il ajouta que d’ailleurs, depuis long-temps, il avait pris en dégoût ce marbre, où se trouvait un fil qui lui avait donné beaucoup de mal, et qu’il l’aurait entièrement mis en pièces, si Antonio, son nouveau domestique, ne l’eût prié de le lui donner tel qu’il était. Tiberio, qui désirait posséder quelque chose de la main de Michel-Ange, pria Francesco Bandini de le lui demander. Bandini l’obtint en effet, à condition que Tiberio paierait deux cents écus d’or à Antonio. Michel-Ange permit aussi qu’à l’aide de ses modèles on le réparât. Tiberio retoucha je ne sais quelle partie ; mais la mort, en le frappant en même temps que Michel-Ange et Bandini, empêcha encore l’achèvement de ce groupe. On le voit aujourd’hui à Montecavallo, dans la Vigna de Pier-Antonio Bandini, fils de Francesco. Il fallut un autre marbre à Michel-Ange, pour occuper ses loisirs, et il ne tarda pas à ébaucher un second groupe, mais plus petit que le premier (121). Pirro Ligorio, architecte, venait d’entrer au service de Paul IV ; aussitôt Michel-Ange fut de nouveau en butte aux persécutions de ses envieux, qui l’accusèrent d’être tombé en enfance. Indigné de tant de bassesse, il fut tenté de retourner à