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qu’on ne trouve véritablement la liberté, la paix et le bonheur, qu’au milieu des bois. Je n’ai rien de plus à vous dire. Je suis charmé de savoir que vous êtes en bonne santé et content. Je me recommande à vous. Ce 18e jour de septembre 1556. »

Michel-Ange s’amusait tous les jours à travailler à ce groupe de quatre figures, dont nous avons déjà parlé. Le marbre dont il se servait, étant dur et rempli d’émeri, faisait souvent feu sous son ciseau ; l’impatience le prit et il le brisa. Mais Michel-Ange, on le sait, n’était jamais satisfait de ses ouvrages, telle est peut-être la véritable raison de ce malheur. Quoi qu’il en soit, les statues qu’il termina pendant son âge viril sont peu nombreuses ; celles qu’il a entièrement achevées datent de sa jeunesse ; comme le Bacchus, le groupe de la Vierge et du Christ mort, le David de Florence, le Christ de la Minerva. Ces figures sont si finies, qu’il serait impossible d’y ajouter ou d’y retrancher la moindre chose sans les gâter. Les autres, telles que la Nuit et l’Aurore, le Moïse, Rachel et Lia du tombeau de Jules II, Julien et Laurent de Médicis, sont restées imparfaites, et il s’en trouve encore un grand nombre dans le même état. Michel-Ange disait que, s’il n’avait eu à rendre publics ses travaux que quand il en était content, il n’en eut mis que fort peu au jour, et même point du tout. Quand il découvrait le moindre défaut dans une ébauche, il l’abandonnait aussitôt et courait à un autre marbre. À cette époque, Tiberio Calcagni, sculpteur florentin, étant devenu son