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Mais je sors de mon sujet, parce que j’ai perdu la mémoire et la tête. Écrire devient pour moi une chose d’autant plus pénible que ce n’est pas mon art. Je conclus enfin, en vous laissant à comprendre ce qui s’ensuivrait si j’abandonnais la bâtisse de Saint-Pierre ; d’abord je rendrais bien contents beaucoup de fripons, ensuite j’occasionnerais la ruine de ce grand monument, qui peut-être ne serait jamais achevé. »

Michel-Ange continuait de m’écrire, et me disait dans ses lettres qu’il ne lui restait plus que le courage de mourir, et qu’il ne pouvait se résoudre à quitter Rome, où il avait sa maison et des biens valant plusieurs milliers d’écus ; que d’ailleurs il était attaqué de la gravelle, et se ressentait des infirmités attachées à la vieillesse : ce que pouvait certifier Maestro Realdo, son médecin, auquel, après Dieu, il devait la vie. Il me priait de faire agréer ses excuses au duc, et de lui persuader que, s’il lui avait été possible de monter à cheval, il se serait rendu aussitôt à Florence ; et il est à croire que, s’il y fût venu, il n’aurait pas cherché à retourner à Rome, tant il portait d’attachement et d’affection à Son Excellence. Pendant ce temps-là, il poussa les travaux de Saint-Pierre à un tel degré, qu’il n’y eut plus lieu à aucune espèce de changements. Ce fut alors qu’on lui apprit que Paul IV voulait lui faire corriger son Jugement dernier, parce que les figures montraient toutes sortes de nudités inconvenantes. « Dites au pape, répondit