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par son camérier intime, Messer Lionardo Marinozzi. Mais sur ces entrefaites le nouveau pape mourut, et lorsque Michel-Ange alla baiser les pieds de son successeur Paul IV, Sa Sainteté lui fit les plus belles propositions pour l’engager à terminer Saint-Pierre. Il crut donc qu’il était de son devoir de rester, et il s’excusa le mieux qu’il put de ne pouvoir se rendre aux volontés du duc Cosme. En même temps, je reçus de lui une lettre que je vais rapporter textuellement.

« Messer Giorgio, mon cher ami, je prends Dieu à témoin que c’est contre ma volonté, et avec la plus grande répugnance, que je me chargeai, il y a dix ans, par l’ordre du pape Paul III, de la fabrique de Saint-Pierre de Rome, et que, si l’on avait continué à y travailler comme on le faisait alors, cet édifice serait aujourd’hui arrivé à un point qui me permettrait d’aller à Florence, comme je le désire. Mais le manque de fonds a tout ralenti, précisément au moment où nous sommes arrivés aux parties les plus importantes et les plus difficiles. Si je quittais la partie, je me couvrirais de honte, et ce serait d’ailleurs un péché de perdre le prix de toutes les peines que j’ai endurées pendant ces dix années pour l’amour de Dieu. Je suis entré dans ces détails pour répondre à votre lettre et à celle du duc, qui me traite avec tant de bonté, que j’en ai été grandement étonné ; j’en rends grâces à Dieu et à Sa Seigneurie, autant que je le sais et que je le puis.