Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bibliothèque, pour lequel il avait jadis fait tailler beaucoup de pierres. Le modèle avait été perdu, et il ne restait que quelques indices fort insuffisants. Le Tribolo eut beau le prier au nom même de Son Excellence, sa seule réponse fut qu’il ne se souvenait plus de rien. Le duc Cosme, persuadé que l’amitié tirerait de lui quelques éclaircissements, m’ordonna de lui écrire, et d’exiger au moins qu’il expliquât l’intention qu’il avait eue.

J’écrivis à Michel-Ange que je serais chargé de l’exécution de ce travail, et que j’y emploierais le soin et la loyauté dont je lui avais déjà donné des preuves. Le 28 septembre 1555, il m’envoya les détails suivants :

« Messer Giorgio, mon cher ami, soyez persuadé que si je pouvais me rappeler la manière dont j’avais arrangé l’escalier de la bibliothèque de San-Lorenzo, dont on m’a tant parlé, je ne me ferais pas prier pour le dire. Je me rappelle bien, comme on se rappelle un songe, un certain escalier, mais je ne crois pas que ce soit précisément le même que je composai alors, parce que, s’il était ainsi qu’il me revient à l’esprit, ce serait une sottise. Cependant je vous dirai qu’il me semble que je prenais une quantité de boîtes ovales, de longueur et de largeur différentes, mais ayant toutes une palme de hauteur. Je posais sur le pavé la plus grande boîte, aussi loin de la porte que je voulais que l’escalier fût doux ou dur à monter. Je posais sur celle-là une autre plus petite