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Giulia, et il se plut à lui prodiguer toutes sortes de marques de considération. Un jour, entre autres, il le força de s’asseoir à ses côtés, près de la fontaine dell’Acqua-Vergine, tandis que douze cardinaux restaient debout ; et, après une longue conversation, il le pria de faire un modèle pour la façade d’un palais qu’il désirait construire à côté de l’église de San-Rocco, en se servant des restes du mausolée d’Auguste. Sans vouloir se régler sur le goût et la manière des anciens ou des modernes, Michel-Ange exécuta ce modèle, qui est d’une beauté et d’une richesse inimaginables : on le voit aujourd’hui dans le cabinet du duc Cosme, à qui il a été donné par le pape Pie IV (114).

Jules III protégeait non-seulement Michel-Ange contre les cardinaux et ses autres ennemis, mais il voulait encore que les plus habiles artistes allassent le consulter comme un oracle. Enfin, Sa Sainteté avait tant d’attention pour ce grand artiste, qu’elle craignait de le fatiguer en le chargeant de certains travaux, que son âge lui permettait cependant d’entreprendre encore.

Vers la fin du pontificat de Paul III, Michel-Ange avait commencé à restaurer le pont de Santa-Maria de Rome, qui menaçait ruine. Sous Jules III, un conseil des clercs de la chambre de Sa Sainteté fut tenu, pour aviser aux moyens de terminer ces travaux. Nanni di Baccio Bigio persuada aux clercs qu’il saurait s’en tirer en très peu de temps, et sans une grande dépense. On fit entendre au pape que Michel-Ange, accablé de vieillesse, se souciait peu de