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qu'on lui donne son développement complet, surpasse, à mon avis, tout ce qu’on peut concevoir de plus somptueux et de plus magnifique.

En 1524, lors de l’élévation du pape Clément VII à la papauté, Baldassare fut chargé de tout ce qui concernait l’appareil du couronnement de ce pontife. Il termina ensuite à Saint-Pierre la façade de la grande chapelle commencée par Bramante, et peignit en clair-obscur les apôtres que l’on voit dans des niches, derrière l’autel de la chapelle où se trouve le tombeau de bronze du pape Sixte. Il donna aussi un fort beau dessin pour le tabernacle du saint-sacrement  (15).

Vint la fatale année 1527. Dans le sac cruel de Rome, Baldassare fut fait prisonnier par les Espagnols, et non seulement il y perdit tout son avoir, mais il eut encore à subir toutes sortes d’outrages et de mauvais traitements. Sa physionomie, à la fois noble, aimable et sérieuse, le fit prendre pour quelque haut prélat déguisé, ou au moins pour un homme bon à mettre à contribution. Mais enfin ces barbares impies, ayant vu qu’il était peintre, le forcèrent à faire le portrait de Bourbon, cet infame capitaine ennemi juré de Dieu et des hommes. Après avoir échappé à ce prix à la fureur des Espagnols, Baldassare s’embarqua pour Porto-Ercole, d’où il gagnait Sienne, lorsque sur la route il fut pris de nouveau et si complètement dépouillé, qu’il arriva à Sienne en chemise ; mais il y trouva des amis qui s’empressèrent de le secourir, et bientôt il fut employé à rachever les fortifications de Sienne. Il fixa son séjour dans