Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pauvres gens l’accusaient de n’avoir percé que trois fenêtres pour les trois chapelles, car ils ne se doutaient pas de ce qu’il voulait faire à la voûte, et ils avaient persuadé au vieux cardinal Salviati (113) et à Marcello Corvino, qui depuis fut pape, que l’intérieur du temple serait presque complètement privé de lumière. Le conseil s’étant réuni, le pape expliqua à Michel-Ange le sujet des plaintes des députés. « Je voudrais bien voir et entendre ces seigneurs, » dit Michel-Ange. — « Nous voici, » reprit le cardinal Marcello. — « Eh bien ! Monsignore, » lui répondit Michel-Ange, « au-dessus de ces trois fenêtres, il doit y en avoir trois autres dans la voûte qui sera construite en travertin. » — « Vous ne l’aviez jamais dit, » s’écria le cardinal. — Michel-Ange lui répliqua vivement, « Je ne suis et n’entends pas être obligé de dire à V. S., plus qu’à tout autre, ce que je dois ou veux faire. Votre office est de procurer des fonds et d’écarter les fripons ; quant à la bâtisse, c’est mon affaire. » Puis, se tournant vers le pape, il lui dit : « Vous voyez, Saint Père, ce que je gagne ; si ces fatigues que j’endure ne sont d’aucune utilité pour mon âme, je perds mon temps et mon travail. » Le pape, qui le chérissait, lui répondit, en lui mettant les mains sur les épaules : « Vous faites beaucoup pour votre âme et pour votre corps, n’en doutez pas. » Michel-Ange sortit donc victorieux de ces débats, qui ne servirent qu’à augmenter l’affection que Sa Sainteté lui portait déjà. Le pape l’engagea à se rendre le lendemain, accompagné de Vasari, à la Vigna