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tion de Michel-Ange, je ne parlais d’aucun artiste vivant. J’offris cet ouvrage à Buonarroti qui l’accepta avec beaucoup de plaisir ; je m’étais servi d’une foule de documents précieux qu’il m’avait donnés lui-même de vive voix. Après avoir lu mon livre, Michel-Ange m’adressa le sonnet suivant, qu’il m’est doux de placer ici, en souvenir de ses bontés :

Se con lo stile e co’ colori avete
Alla natura pareggiato l’arte,
Anzi a quella scemato il pregio in parte,
Che’l bel di lei più belle a noi rendete,

Poichè con dotta man poste vi sete,
A più degno lavoro, a vergar carte,
Quel che vi manca a lei di pregio in parte,
Nel dar vita ad altrui tutto togliete.

Che se secolo alcuno omai contese
In far bell’ opre, almen cedale poi,
Che convien ch’al prescritto fine arrive.

Or le memorie altrui, già spente, accese
Tornando, fate or che sian quelle, e voi,
Malgrado d’essa, eternalmente vive.

Lorsque je partis pour Florence, je laissai le soin à Michel-Ange de commencer les travaux de Montorio. Je dis à mon grand ami Messer Bindo Altoviti, alors consul de la nation florentine (111), qu’il serait bon de déterminer le pape à abandonner son projet de Montorio, pour l’appliquer à l’église de San-Giovanni-de’-Fiorentini ; j’ajoutai que Michel-Ange, à qui j’en avais déjà parlé, m’appuierait de son crédit, et que ce serait un moyen de voir enfin l’achèvement de cet édifice. Mon idée plut à Messer