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et repoussa Montelupo dont le travail l’avait peu satisfait lors de l’exécution du mausolée de Jules II ; il préféra employer Bartolommeo Ammanati, contre lequel il était cependant irrité, parce que, de concert avec Nanni di Baccio, il avait dérobé à Antonio Mini, son élève, un grand nombre de dessins qui lui furent plus tard rendus tous. M’entretenant un jour de cette affaire avec Buonarroti, je lui dis que je ne trouvais point ces jeunes gens coupables, et que si je pouvais, je lui volerais, par amour de l’art, tout ce qui sortait de ses mains ; bref, la chose tourna en plaisanterie. Dans ce temps je passais toutes mes journées avec Michel-Ange, et comme c’était l’année sainte, le pape nous avait accordé les doubles indulgences, à condition que nous visiterions à cheval les sept églises ; en faisant cette tournée, nous eûmes des entretiens sur l’art très intéressants, que j’ai rédigés en forme de dialogue, et que je publierai dans un moment plus opportun  (110).

La cabale San-Gallesque continuait ses intrigues contre Michel-Ange, et ne cessait de répéter partout qu’il gâtait l’église de Saint-Pierre ; mais le pape répondit à ces criailleries, en confirmant le motu proprio de Paul III. J’avais démontré à Sa Sainteté que Michel-Ange avait au contraire donné la vie à cet édifice, et j’agis de telle sorte que je lui persuadai de ne jamais rien entreprendre sans avoir consulté ce grand artiste.

Je venais de faire imprimer à Florence les Vies des peintres, sculpteurs et architectes, où, à l’excep-