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employées ensuite par les autres architectes ; et, en effet, Baldassare était doué d’une telle intelligence, que ses ouvrages d’architecture semblent défier toute rivalité ; cela vient sans doute de ce qu’il joignait le talent d’architecte à celui de peintre. Le tombeau d’Adrien VI a été élevé sur les dessins de Baldassare Peruzzi, qui est également l’auteur des peintures que l’on voit à l’entour de ce monument sculpté en marbre par Michelagnolo de Sienne  (13).

Lorsqu’on représenta, devant le pape Léon X, la comédie du cardinal Bibbiena, intitulée la Calandra  (14), Baldassare peignit deux décorations plus belles peut-être que celles dont nous avons déjà parlé ; il s’acquit d’autant plus d’honneur par ces ouvrages, que cet art était inconnu, à cause de la désuétude dans laquelle étaient tombées les comédies et les représentations dramatiques que l’on avait remplacées par des fêtes d’un autre genre. La Calandra est une des premières comédies écrites en prose, et les deux décorations de Baldassare furent le modèle et le régulateur de celles qu’on fit depuis ; on a peine à s’imaginer avec quelle habileté il sut représenter, dans un espace si resserré, tant de rues, de palais, de temples, de portiques, d’entablements et de profils, et tout cela d’une telle vérité, qu’on croyait voir des objets réels, et qu’on se trouvait comme transporté au milieu d’une place véritable, tant l’illusion était parfaite : pour produire ces effets, Baldassare disposa avec une admirable intelligence l’éclairage des châssis, ainsi que toutes les machines qui ont rapport au jeu de la scène. Ce genre de spectacle, lors-