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nées. On comprendra facilement que la bâtisse du San-Gallo était une vraie boutique, où il aurait été permis d’exercer un commerce honteux, et de gagner toujours en ne la finissant jamais (97). Toutes ces saletés révoltèrent la probité de Michel-Ange, qui, avant d’accepter le titre d’architecte de Saint-Pierre, dit un jour hautement aux agents de la fabrique, qu’il leur conseillait de réunir tous leurs efforts pour l’exclure de cette place, parce que le premier usage qu’il ferait de son pouvoir serait de les chasser. Ces propos irritèrent, comme on peut le croire, tous ces gens-là contre lui, et leur haine s’accrut encore de jour en jour, lorsqu’ils le virent changer tout au dedans et au dehors. Ils ne cessèrent d’inventer mille sujets de persécutions, ainsi qu’on le dira en temps et lieu (98).

Enfin, Paul III, par un motu proprio, le créa architecte en chef, et lui accorda la liberté de faire, de défaire, d’augmenter, de diminuer, de changer tout à son gré, et en un mot de disposer des hommes et des choses avec une autorité sans bornes (99). Michel-Ange répondit à la confiance de Sa Sainteté par un grand acte de désintéressement : il exigea qu’il fut inséré dans le motu proprio qu’il remplirait gratuitement ses fonctions. Plusieurs fois le pape lui envoya de riches présents, pour lui tenir lieu des appointements qu’il avait refusés ; mais jamais il ne consentit à les accepter, comme le certifient Messer Alessandro Ruffini, alors camérier de Paul III, et Messer Pier Giovanni Aliotti, évêque de Forli (100).