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piqué, répondit qu’il pouvait se mêler de peinture et de sculpture, mais qu’il n’entendait rien aux fortifications. Michel-Ange lui répliqua que, au contraire, son savoir en peinture et en sculpture se réduisait à fort peu de chose, mais que, pour l’art des fortifications, il avait déjà prouvé qu’il en savait plus que toute la famille des San-Gallo en masse ; et, en présence du pape, il reprocha à son adversaire toutes les bévues qu’il avait déjà commises. La dispute s’échauffa au point que Paul III fut obligé de leur imposer silence. Quelque temps après, Michel-Ange apporta, pour les fortifications de Borgo, un dessin, qui fut cause qu’on abandonna celui de San-Gallo, et par suite la construction de la porte de l’église de Santo-Spirito, qu’il avait commencée (95).

La vieillesse était venue arrêter le pinceau de Michel-Ange, et cependant son génie ne pouvait rester oisif. Il se mit donc à ébaucher quatre figures en marbre, plus grandes que nature, pour s’amuser et passer le temps, disait-il, et parce que l’exercice du maillet l’entretenait en bonne santé. Ce groupe représente le Christ descendu de la croix, soutenu sur les genoux de la sainte Vierge accompagnée de Nicodème et d’une des Maries. Buonarroti laissa inachevé cet ouvrage divin, comme nous le raconterons plus tard, quoiqu’il voulût le faire servir à orner un autel, au pied duquel aurait été sa sépulture (96).

Antonio da San-Gallo étant mort, en 1546, le pape et les administrateurs de Saint-Pierre délibérèrent sur le choix de l’architecte à qui ils devaient