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Providence fit ce présent au monde pour montrer combien d’intelligence elle peut départir à certains hommes quelle envoie sur la terre. Le plus savant dessinateur tremblera en contemplant ces contours hardis, ces raccourcis merveilleux. En présence de cette œuvre céleste, les sens se trouvent paralysés, et on se demande ce que peuvent être celles qui se sont faites et qui se feront. On peut s’appeler heureux, quand on a vu ce prodige de l’art et du génie. Oh ! fortuné Paul III, le ciel t’a permis de protéger cette gloire ! ton nom vivra éternellement à côté de celui de Buonarroti, dont la renommée remplit déjà l’univers.

Au grand étonnement de Rome et du monde entier, Michel-Ange découvrit le Jugement dernier, après huit années de travail, le jour de Noël 1541. Je quittai Venise, la même année, pour aller admirer ce chef-d’œuvre, qui me plongea dans la stupeur  (92).

Paul III avait fait construire, par Antonio da San-Gallo, une chapelle, appelée la Pauline, dans laquelle il voulut que Michel-Ange peignît à fresque deux grands tableaux.

Le premier représente la Conversion de saint Paul. Au milieu de deux groupes d’anges, on voit le Christ, dont la voix a presque foudroyé Paul, que son coursier vient de jeter à terre ; le cheval effrayé entraîne un personnage qui tente vainement de l’arrêter ; des soldats s’empressent autour de Paul pour le relever ; d’autres, frappés d’épouvante, prennent la fuite (93).