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l’on réduirait le tombeau de Jules II à une seule façade, adossée contre le mur de l’église, et que Michel-Ange y mettrait six statues de sa main. On ajouta une clause qui portait que le pape pourrait employer notre artiste à Florence ou partout ailleurs pendant quatre mois de l’année. Toutefois de nouveaux empêchements arrêtèrent encore l’exécution de ce traité. Clément VII, voulant jouir des derniers efforts du génie de Michel-Ange, le faisait travailler au carton du Jugement dernier ; il ne pouvait donc s’occuper que furtivement des statues du mausolée.

Cependant Clément VII étant mort en 1533 (86), Michel-Ange crut alors retrouver sa liberté et pouvoir achever tranquillement le tombeau de Jules. Mais Paul III, à peine installé sur le trône pontifical, l’envoya chercher, et, après lui avoir fait l’accueil le plus bienveillant, l’engagea à lui consacrer ses talents. Buonarroti lui répondit que cela était impossible, qu’un traité l’obligeait de finir le mausolée de Jules II. Sa Sainteté se mit en colère et lui dit : « Voilà trente ans que j’ai ce désir ; maintenant je suis pape, et il ne me sera pas permis de le satisfaire ! je déchirerai ce traité, et j’entends que tu m’obéisses ! »

Michel-Ange, ainsi pressé, fut tenté de quitter Rome, et de chercher quelques moyens pour pouvoir enfin terminer le tombeau. Cependant la juste crainte qu’il avait de la puissance du pape le retint à Rome ; il espérait le contenter par des paroles, et le voyant fort vieux, il croyait qu’un nouveau pontife lui rendrait bientôt sa liberté.