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chel-Ange le lui promit, et de retour à Florence, quelque occupé qu’il fût à soutenir le siège, il commença à peindre en détrempe, pour ce duc, une Léda dont nous parlerons plus tard. Durant le cours du siège, il passa six mois sur le mont San-Miniato, position qu’il était très important d’occuper ; car, si l’ennemi s’en était emparé, la ville eût été perdue.

Dans le même temps, Michel-Ange travaillait en secret aux sept statues qui devaient être placées dans la sacristie de San-Lorenzo, et qui représentent la Vierge (73), Laurent et Julien de Médicis, l’Aurore, le Crépuscule, le Jour et la Nuit. La Vierge assise, la jambe droite croisée sur la gauche, soutient d’une main l’enfant Jésus sur sa cuisse, tandis que de l’autre main elle découvre son sein qu’elle lui présente en se baissant vers lui ; cette statue, quoique inachevée, est admirable. Mais comment pourrions-nous assez louer la merveilleuse figure du duc Laurent, dont les traits annoncent la sagesse et la méditation ; et du duc Julien, dont les yeux, le nez, la bouche, les cheveux, le cou, les mains, les bras, les genoux, les pieds, offrent tant de beautés, que l’on ne peut se lasser de les contempler ? Que dirons-nous de l’Aurore qui dissiperait tous les nuages de la mélancolie la plus noire, et que l’on croirait produite par un miracle de Dieu ? elle se lève à moitié endormie, Médicis mourant frappe ses regards incertains, et la douleur ajoute encore à sa beauté. Que dirons-nous de la Nuit, ce chef-d’œuvre vraiment unique ? quelle statue antique ou moderne pourrait jamais lui être comparée ? avec quelle élo-