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ne put le recevoir dans son atelier, mais il alla lui-même le recommander à Andrea del Sarto.

Michel-Ange était alors vivement tourmenté par le duc d’Urbin, neveu du pape Jules, qui l’accusait d’avoir reçu seize mille écus pour le mausolée de son oncle, et de rester à Florence pour son plaisir ; il le menaçait de sa colère, s’il ne voulait pas s’occuper sérieusement de ce travail (67). Aussitôt arrivé à Rome, notre artiste consulta Clément VII, qui lui conseilla d’assembler les agents du duc, et de faire avec eux un état de ce qu’il avait reçu et de ce qu’il avait dépensé, ne doutant point qu’il ne restât plutôt créancier que débiteur ; cependant l’affaire n’alla pas plus loin. Michel-Ange retourna à Florence, après avoir décidé avec le pape qu’il terminerait la bibliothèque et la sacristie de San-Lorenzo, qui était destinée à recevoir les tombeaux de Laurent et de Julien de Médicis. Ce nouvel édifice devait remplacer l’ouvrage de Filippo Brunelleschi, dont il voulut toutefois conserver la disposition générale. Il adopta pour l’ordonnance interne de son monument deux ordres, l’un sur l’autre, en pilastres corinthiens, et s’éloigna, dans la forme et les proportions de ses ornements, des règles ordinaires  (68). Le succès qu’obtinrent ces innovations a encouragé bien des artistes à imiter cet exemple, mais ils se sont jetés dans toutes sortes d’écarts et de fantaisies qui tiennent du grotesque, et qui ont privé l’ornement de règle et de raison. On doit cependant rendre grâce à Michel-Ange d’avoir délivré l’architecture des liens d’une pratique routinière, et des