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Léon X, successeur de Jules II (64), voulut doter Florence, sa patrie, des merveilles que pouvait enfanter le génie de Michel-Ange ; il lui ordonna donc de construire la façade de San-Lorenzo, église bâtie par la famille Médicis, et d’abandonner le mausolée de Jules II. Michel-Ange opposa la plus vive résistance, alléguant les engagements qu’il avait contractés avec les cardinaux Santi-Quattro et Aginense ; mais Léon lui répondit qu’il ne devait plus y penser, qu’il avait obtenu le consentement des cardinaux, en leur promettant de lui donner toute la facilité de continuer le tombeau à Florence, où déjà il avait ébauché plusieurs figures. Michel-Ange, aussi affligé de cette décision que les cardinaux eux-mêmes, quitta Rome les larmes aux yeux.

Le pape désirait partager entre plusieurs artistes les travaux de la façade de San-Lorenzo. Baccio d’Agnolo, Antonio San-Gallo, Andrea et Jacopo Sansovino, et Raphaël d’Urbin vinrent concourir ; mais Michel-Ange n’était pas homme à vouloir s’accommoder d’une association, et ses concurrents se retirèrent aussitôt qu’il eut présenté son projet. Il se rendit alors à Carrare pour faire exploiter les marbres nécessaires à cette façade, et au mausolée de Jules II, qu’il espérait terminer avant son départ. Il passa chez Jacopo Salviati, qui avait ordre de lui payer mille écus ; mais il le trouva occupé d’affaires avec quelques citoyens, et partit aussitôt sans rien dire, ne voulant pas attendre le moment où il pourrait lui donner audience. Salviati, apprenant que Michel-Ange avait quitté Florence, lui envoya l’argent