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rence, comme nous l’avons raconté plus haut. Je tiens de Michel-Ange lui-même qu’il avait déjà peint le tiers de la voûte, lorsque plusieurs morceaux de sa fresque, exposés au vent du nord, se couvrirent de moisissure. Cela était dû à la nature de la chaux de Rome qui, faite avec le travertin, séchait lentement et produisait cet effet tant que l’enduit était humide. Michel-Ange, désespéré, voulait tout abandonner ; mais le pape lui envoya Giuliano da San-Gallo, qui l’encouragea à continuer, en lui enseignant la cause du mal et les moyens de le faire disparaître.

Jules II avait suivi les progrès du travail en montant sur l’échafaud de charpente, par une échelle à chevilles ; mais dès qu’il vit la décoration de la voûte parvenue à la moitié de tout l’espace, il voulut, dans son impatience, en faire jouir le public, sans attendre que l’artiste eût mis la dernière main à son œuvre. Rome entière se précipita dans la Sixtine, et Jules s’y porta le premier, avant que la poussière produite par la chute des échafauds ne fût tombée. C’est alors que Raphaël d’Urbin améliora son style et donna une nouvelle preuve de son talent, en exécutant tout-à-coup, dans l’église della Pace, ses Sibylles et ses Prophètes (54). Bramante, son parent et son ami, supplia Sa Sainteté de lui confier l’exécution du reste de la chapelle ; mais Michel-Ange, l’ayant appris, vint se plaindre au pape de cet architecte, auquel il reprocha en face ses fourberies et les fautes dont il s’était rendu coupable dans la construction de Saint-Pierre.