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voûtes. Le produit de tous les équipages de cordes, rassemblés par Bramante, que Michel-Ange abandonna au charpentier qui reconstruisit son échafaud, suffit pour doter une des filles de ce pauvre homme (52).

Lorsque Michel-Ange eut dessiné ses cartons, le pape voulut faire jeter à bas les anciennes peintures, exécutées du temps de Sixte IV  (53), et, sur l’estimation de Giuliano da San-Gallo, accorda quinze mille ducats à notre artiste, pour toutes les dépenses que devait occasionner son immense travail.

Entièrement étranger au mécanisme de la peinture à fresque, Michel-Ange appela de Florence quelques-uns des meilleurs peintres en ce genre, pour s’en faire aider, ou plutôt pour apprendre leurs procédés en les voyant travailler. On comptait parmi ces artistes, le Granacci, Giulian Bugiardini, Jacopo di Sandro, l’aîné des Indaco, Agnolo di Donnino, et Aristotile da San-Gallo. Il éprouva leur talent ; mais, peu satisfait de leur besogne, il l’effaça complètement un beau matin, et se renferma dans la chapelle, sans jamais consentir à les recevoir, même dans sa maison. Nos pauvres Florentins, voyant enfin que la plaisanterie durait trop long-temps, prirent le parti de retourner dans leur patrie avec leur courte honte.

Le Buonarroti se mit donc seul à l’ouvrage, et ne laissa plus pénétrer personne dans l’enceinte de ses travaux. Aussi la curiosité du public croissait tous les jours et était partagée par le pape, dont l’impatience causa la fuite de Michel-Ange à Flo-