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de commencer les peintures de la Sixtine. Il employa en vain toutes les raisons les plus plausibles, pour se dispenser d’accepter une entreprise dont il connaissait toutes les difficultés. Il alléguait son ignorance de la fresque et de la pratique des couleurs, pour renvoyer l’ouvrage à Raphaël ; mais tout cela ne servit qu’à aiguillonner davantage le désir de Jules II, dont les volontés étaient inflexibles, et qui, d’ailleurs, était secrètement stimulé par les envieux de Buonarroti, et surtout par Bramante. Michel-Ange, voyant donc qu’il ne pouvait plus résister sans exciter la colère du pape, dont le caractère était extrêmement violent, résolut d’obéir.

Bramante fut chargé de faire les échafauds nécessaires. Il voulait procéder à l’érection du plancher, au moyen de cordages qui auraient passé par des trous pratiqués dans la voûte de la chapelle. « Mais, lui demanda Michel-Ange, l’ouvrage une fois terminé, comment bouchera-t-on, dans l’intérieur, les trous de la voûte ? — On y pensera ensuite, repartit l’architecte, et du reste on ne peut procéder autrement. » Michel-Ange, reconnaissant que Bramante faisait preuve de peu de savoir, ou de mauvais vouloir, alla trouver le pape, et lui dit que les échafauds étaient mal construits. Jules lui répondit, en présence de Bramante, qu’il lui permettait de les établir à sa fantaisie. Michel-Ange s’en tira aussitôt avec habileté, au moyen de contrefiches isolées des murs avec d’autres procédés, qui furent dorénavant employés, et par Bramante lui-même, dans toutes les grandes constructions de