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Tandis que Michel-Ange s’occupait de ces travaux, un dernier transport de marbres de Carrare arriva à Ripa et fut conduit sur la place de Saint-Pierre. Comme il fallait payer les mariniers, Michel-Ange, selon sa coutume, se rendit chez le pape pour lui demander de l’argent. Ce jour-là, Sa Sainteté étant gravement occupée des affaires de Bologne ; notre artiste acquitta les frais, de ses propres deniers, croyant en être bientôt remboursé. Quelque temps après, il retourna au palais afin d’en parler au pape ; mais il éprouva les mêmes difficultés pour être introduit, et un valet lui dit de prendre patience, qu’il avait reçu l’ordre de ne pas le laisser entrer, « Mais, reprit un évêque qui était là présent, est-ce que tu ne connais pas la personne que tu refuses ? — Je la connais très bien, mais je suis ici pour exécuter les ordres de mes supérieurs et de Sa Sainteté, répondit le valet. » Michel-Ange pour qui jusqu’alors toutes les portes avaient été ouvertes, indigné d’une telle réception, dit au valet : « Quand le pape aura besoin de moi, vous lui direz que je suis allé ailleurs. » De retour chez lui à deux heures de nuit, il donne à deux de ses domestiques l’ordre de vendre tous ses effets aux juifs, et de venir le rejoindre à Florence. Il prend la poste et ne s’arrête qu’à Poggibonzi, sur le domaine des États de Florence. À peine y était-il arrivé, qu’il est joint coup sur coup par cinq courriers du pape chargés des lettres les plus pressantes de Sa Sainteté qui lui enjoignaient de retourner à Rome, sous peine d’encourir sa disgrâce, invitations ou menaces, tout fut