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mauvais air de Rome. Il sculpta de sa main, à Rome, deux esclaves d’une beauté divine ; mais, le mausolée une fois abandonné, il en fit présent à Ruberto Strozzi, chez lequel il était tombé malade. Ces esclaves furent ensuite envoyés à François Ier, et se trouvent aujourd’hui au château d’Écouen  (44). Michel-Ange ébaucha encore à Rome huit statues, cinq à Florence, et acheva la Victoire écrasant un captif ; ce groupe fut donné par Lionardo, neveu de Buonarroti, au duc Cosme qui le plaça dans la grande salle de son palais, peint par Vasari (45). Michel-Ange termina plus tard le Moïse, qui peut à juste titre être considéré comme le chef-d’œuvre de la sculpture. Le législateur des Juifs est assis, le bras droit posé sur les tables de la loi, et la tête soutenue par sa main gauche ; son visage, calme et terrible à la fois, éblouit par sa splendeur divine celui qui le regarde ; il faut admirer aussi la beauté et la perfection des bras, des mains, des genoux, des pieds et des draperies. Moïse ainsi représenté doit plus que jamais s’appeler l’ami de Dieu, qui a semblé vouloir confier aux mains de Michel-Ange le soin de préparer sa résurrection ; et si les Hébreux, hommes et femmes, continuent, comme ils le font, à aller en troupe le visiter et l’adorer chaque jour du Sabbat, ils adoreront une chose divine et non humaine  (46). Malheureusement le magnifique projet du tombeau de Jules fut abandonné, et on conserva seulement un des petits côtés que l’on voit aujourd’hui terminé dans l’église de San-Pietro-in-Vincoli ; nous décrirons ce monument en son lieu.