Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

niquait de la galerie du palais à son atelier ; cette faveur lui suscita des envieux et des persécutions infinies. Il termina quatre statues, et ébaucha huit figures destinées à ce monument dont nous allons donner la description  (42) ; il devait offrir un massif de construction parallélogramme de dix-huit brasses de longueur sur douze de largeur ; l’extérieur était orné de niches séparées par des Termes drapés, supportant l’entablement ; chacune de ces figures aurait tenu enchaîné un captif ; ces prisonniers représentaient les provinces conquises par Jules, et réduites sous l’obéissance de l’Église ; on eût vu encore plusieurs autres figures, emblèmes des arts soumis à l’empire de la mort, comme le pape qui les avait encouragés. L’entablement aurait porté quatre statues colossales, la Vie active, la Vie contemplative, saint Paul et Moïse (43), et une espèce de massif, fort en reculée, lequel comprenait l’amortissement, massif surmonté lui-même de deux figures soutenant un sarcophage : l’une, représentant le Ciel, paraissait se réjouir de ce que l’âme de Jules II était allée jouir de la gloire éternelle ; l’autre, représentant la Terre, semblait pleurer la perte de ce pontife ; on devait entrer dans l’intérieur du massif par les deux petits côtés, et on y eût trouvé une espèce de petite rotonde, au centre de laquelle aurait été placé le véritable sarcophage. Enfin, ce monument aurait eu quarante statues, sans compter les enfants et une foule d’autres ornements. Michel-Ange fit transporter quelques marbres à Florence, où il avait l’intention de passer l’été pour fuir le