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tilhomme de Mantoue, conserve quelques-uns de ces fragments avec un soin religieux ; et certes, on les croirait créés par un Dieu plutôt que par un homme (40).

Ce célèbre carton, le groupe de la Vierge et du Christ mort, et la statue colossale de David acquirent une telle réputation à Michel-Ange, alors âgé seulement de vingt-neuf ans, que Jules II, ayant succédé en 1503 à Alexandre VI, l’appela près de lui pour travailler à son tombeau (41). Les ministres de Sa Sainteté payèrent à l’artiste cent écus pour son voyage. Arrivé à Rome, il se passa plusieurs mois sans que le pape lui fît rien commencer. Enfin Jules II résolut de mettre à exécution un dessin de Michel-Ange, dont la beauté et la richesse surpassaient tous les anciens monuments de ce genre ; il voulut même rebâtir entièrement l’église de Saint-Pierre pour y placer ce tombeau. Michel-Ange, suivi de deux compagnons, se rendit aussitôt à Carrare pour faire tailler les marbres nécessaires à cette vaste entreprise. Il reçut à Florence, d’Alamanno Salviati, la somme de mille écus, et passa huit mois dans les montagnes sans toucher d’autre argent. En voyant les blocs énormes que recélaient ces carrières, Michel-Ange sentit plusieurs fois le désir d’exécuter un colosse semblable à ceux que nous ont laissés les anciens. Les marbres qu’il choisit dans cet endroit furent conduits par mer à Rome, où ils couvrirent la moitié de la place Saint-Pierre. Michel-Ange établit pour la commodité du pape, qui allait souvent le visiter, un pont-levis qui commu-