Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pagnons, d’autres courent déjà au combat engagé par quelques pelotons de cavalerie. Un vieillard, la tête ceinte d’une couronne de lierre, entendant le tumulte, les cris des soldats et le bruit des tambours, se chausse avec précipitation ; mais ses membres mouillés arrêtent ses vêtements ; ses muscles et ses nerfs contractés indiquent ses efforts : d’autres soldats, dans les attitudes les plus variées, offrent des raccourcis d’une beauté inimitable. On trouvait encore quantité de personnages groupés et ébauchés de différentes manières : ici les contours et les traits étaient seulement indiqués au charbon ; là les figures étaient rehaussées de masses d’ombres et de clairs. Tous les artistes qui virent cette œuvre sublime furent remplis d’admiration pour le génie de Michel-Ange et pensèrent que jamais aucun mortel ne pourrait l’égaler. Ce carton fut exposé dans la salle du pape et servit de modèle à une foule de florentins et d’étrangers qui, en l’étudiant, devinrent de grands maîtres, tels que Aristotile da San-Gallo, ami de Michel-Ange, Ridolfo Ghirlandajo, Raphaël Sanzio d’Urbin, Francesco Granacci, Baccio Bandinelli, Alonzo Beruguetta (38), Andrea del Sarto, le Francia Bigio, Jacopo Sansovino, le Rosso, Maturino, Lorenzetto, le Tribolo, Jacopo da Pontormo et Perino del Vaga. Il fut ensuite placé dans la grande salle du palais des Médicis, et abandonné aux artistes avec trop de confiance ; car, pendant la maladie du duc Julien, il fut déchiré en plusieurs morceaux qui circulèrent en différents endroits, comme nous l’avons dit ailleurs (39). Messer Uberto Strozzi, gen-