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Doni, avec un billet dans lequel il lui demandait soixante-dix ducats, pour le prix de son ouvrage. Agnolo, homme économe, trouva la somme un peu forte, quoiqu’il sût que le tableau valait davantage, et donna quarante ducats au porteur, en lui disant qu’il jugeait ce prix raisonnable. Michel-Ange les lui renvoya aussitôt, et pour le punir réclama cent ducats ou son tableau. Agnolo répondit alors qu’il payerait les soixante-dix ducats ; mais Michel-Ange irrité finit par doubler la somme offerte, et exigea cent quarante ducats (36).

Tandis que Léonard de Vinci s’occupait du carton d’après lequel il devait peindre, sur un des grands côtés de la salle du conseil, un Combat de cavalerie, comme nous l’avons déjà rapporté (37), le gonfalonier Pier Soderini, qui avait enfin pris une haute idée du talent de Michel-Ange, le mit en concurrence avec Léonard, et lui confia, pour être peinte à fresque, la partie de la salle du conseil qui faisait pendant à celle dont s’était chargé son rival. Michel-Ange choisit pour sujet un épisode de la guerre de Pise, et commença dans un atelier qu’on lui donna à l’hôpital de’ Tintori à Sant’-Onofrio, son carton qu’il ne voulut laisser voir à personne avant qu’il ne fût terminé. Il représenta les soldats florentins se baignant dans l’Arno pendant la chaleur du jour. L’ennemi se montre à l’improviste, les tambours battent le rappel, et les trompettes sonnent l’alarme. À l’instant les baigneurs escaladent la rive escarpée du fleuve, les uns s’arment à la hâte pour voler au secours de leurs com-