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Deh, come voi pur fate,
Non piangete si forte,
Che anzi tempo risveglisi da morte,
E pur, mal grado suo,
Nostro Signore e tuo
Sposo, Figliuolo, e Padre,
Unica Sposa sua Figliuola e Madre.

Ce chef-d’œuvre couvrit de gloire Michel-Ange, et étendit sa renommée au loin ; il y eut cependant des sots qui prétendirent que l’artiste avait donné au visage de la Vierge un trop grand air de jeunesse. Ces ignorants ne savent donc pas que les femmes chastes et pures conservent long-temps les grâces de la jeunesse ? Il devait en être autrement pour le Christ, qui avait essuyé toutes les vicissitudes de l’humanité (27).

À cette époque, un ami de Michel-Ange le pressa de se rendre à Florence, où il pouvait obtenir du gonfalonier Pier Soderini un énorme bloc de marbre, que possédait l’œuvre de Santa-Maria-del-Fiore, et qui avait été gâté jadis par la maladresse de Simone de Fiesole. Soderini balançait dans son choix, entre Léonard de Vinci (28) et Andrea Contucci de Monte-Sansovino, habile sculpteur, lorsque Michel-Ange se présenta, en promettant d’extraire du bloc une figure, sans qu’il fût besoin d’un seul morceau de rapport. Simone de Fiesole avait tenté de faire de ce marbre, haut de neuf brasses, une statue colossale ; mais comme il ne put en tirer qu’une ébauche estropiée, il fut forcé d’abandonner son projet. Michel-Ange vit sa demande facilement accueillie, et commença aussitôt un modèle en cire